
Pour faire suite à des articles précédents, le super héros réel existe bien en vrai.
Il est au-dessus de la nature des simples mortels, il rayonne d’une stature à l’image des pouvoirs diplomatiques extrêmes dont il dispose, ses mouvements ne sont que lignes de fuite, de mouvements d’une force qui va, de traits tangentiels de courbes volontaires, à peine ici il est déjà là, qu’on l’attende et il surgit, hiératique avec un verbe tout en aporie que saisit à peine sa course toute occupée à légender sa geste !
« A l’âme appartient le discours qui s’accroît lui même ».
Héraclite titre de ses Fragments les chapitres du récit Quai d’Orsay (chez Dargaud sous-titré Chroniques diplomatiques) dû au trait de génie de Christophe Blain (qui capte l’impossible, qui fait d’une personne une icône) et au scénario (précis et concis, voilà qui est rare lorsque c’est appliqué à ce qui est de l’histoire plus qu’une histoire) de Abel Lanzac. Un pseudo pour un conseiller de Monsieur de Villepin qui l’a accompagné, paraît-il, du ministère des affaires étrangères à Matignon.
Et dont l’âme s’accroît à l’ombre du grand homme dont il forge les « langages ».
Le héros du Quai n’est donc pas une vague transcription de l’homme d’état conservateur d’apparence mais libéral en acte, gaulliste néo-bonapartiste, proche de Chirac et poète à ses heures. C’est le sommet d’une pyramide de conseillers, la finalité des discours qu’ils rédigent ou tiennent, le fer de lance de la France face au tumulte des nations. Alors que depuis sa chute le Quai semble en déshérence et ses diplomates disséminés de par le monde comme des bâtiments sans caps, cette narration graphique d’une fluidité exceptionnelle fournit une image rêvée à un homme qui traverse dans la gloire de sa solitude éclatante et rebelle un désert d’avant élection. Elle lui cisèle une stature idéale de recours aristocratique face à la vulgarité du pouvoir. Alors que l’homme du CPE, du gag de la dissolution ou de la privatisation des bénéfices autoroutiers s’estompe derrière la silhouette finalement impressionnante de celui qui est ici dessiné, après ce premier tome introductif on peut d’attendre ensuite à le voir tonnant à l’ONU contre une guerre impopulaire, sculptant ainsi sa légende alors que 2012 et les élections seront proches.
A la même époque qu’Héraclite mais en Chine Lao-Tseu disait :
« Le gouvernement du saint consiste à faire table rase de l’esprit du peuple » :
Il paraît que Monsieur de Villepin a apprécié le récit, moi aussi, peut-être pas pour les mêmes raisons.
[ERIC FLUX]
Moi moyen mais sûrement pas pour les mêmes raisons :-)
Et pour connaître tes raisons c’est par là :
http://www.li-an.fr/blog/bd-du-moment/quai-dorsay-blain-lanzac-dargaud/