Un mec pose une vieille télé dans la rue. En sort des pictogrammes qui envahissent la ville. Actuelle la citée, ludiques les envahisseurs. C’est la trame du très court métrage de Patrick Jean, Pixels (réalisé pour OneMoreProd) à la fois hommage aux jeux videos old-school et illustration parfaite d’une idée jouissive menée à son terme : la numérisation globale de tout via les jeux.
Les héros sont bien des pictes modernes (peuplade antique, nordique et tatouée d’images, d’où leur nom) : Tetris, Donkey Kong ou autres Space Invaders qui passent non le mur d’Hadrien mais celui de la réalité pour l’abstraire. C’est donc une vieille histoire.
La gnose a le même projet de transposer le vrai en symbole. Mais plus proche de nous, aussi en pleine ville, une musique radicale des 90’s avait déjà tenté l’enracinement de la toute neuve virtualité dans un environnement réel. En 1996 Future Sound of London, alias FSOL (redevenu Amorphous Androgynous depuis) sort son dernier et meilleur album : Dead Cities avec un premier single nanti du clip qui nous intéresse : My Kingdom.
Qu’y voyons nous ? Hormis une confuse dramaturgie neo 80’s déjà obsolète à l’époque, des images dites de synthèse envahir la ville. Auparavant le groupe innovait constamment par une musique alliée à des vidéos aussi imaginatives et abstraites que les sons utilisés. Là, il y a une rare tentative de concrétisation via un clip moins expérimental.
Ce ne sont pas des jeux qui s’infiltrent dans la ville mais des êtres synthétiques.
Des images animées qui s’imposent dans la réalité et la domine.
Bizarrement, la lourde ambiance de My kingdom ménage une fin apaisée alors que quinze ans plus tard l’excitation farfelue de Pixels aboutit à une fin explosive ou la paix est totalitaire.
Des pictes aux pixels une même volonté : Tabula Rasa !
• Pixels, Patrick Jean :
• My Kingdom,Future Sound Of London :
[ERIC FLUX]
EO 