
Toute vraie histoire Super-Héroïque commence sa geste par quelques épisodes initiaux entrant d’emblée dans l’action pour situer sauvagement le contexte. Lorsque celui-ci est amené à devenir une vraie continuité alors viennent « Les origines » donnant les clefs du monde d’avant.
Ainsi, parfois très tard après moult aventures, les auteurs révèlent la source des pouvoirs du Héros. EO n’étant pas Logan nous n’atteindront donc pas plus longtemps pour répondre aux questions que l’on ne nous pose pas vraiment, la timidité probablement :
De quel horizon se lève EO, de quel feu est issu sa lumière ?
Alors voici : EO est issu d’une mutation de TAO.
Celui-ci figurant le changement nous sommes vraiment dans une continuité.
Et maintenant l’essentiel de celui-ci va vous être révélé : vous allez avoir à votre disposition, au fil de l’année qui vient, les dossiers numérisés de ce magazine que quelques flatteurs qualifient de légendaire.

Étant donné l’approximation des informations disséminées dans les pages web, cela permettra au moins de corriger quelques erreurs (exemple, n’en déplaise à Mr « La comète de Carthage » le numéro consacré à David B n’est pas du tout le 8ème) et de limiter l’inflation (80 € pour un numéro de TAO, fut-il légendaire, voire mythique ou même sacré : c’est TROP !)
Au début de l’ultime décennie du dernier millénaire nous fûmes trois puis vite deux Eric (1) heureusement complétés par des collaborations ponctuelles mais prestigieuses (2) à créer TAO dans le monde de la presse auto-éditée répondant à l’affreux nom de fanzine (notez ce néologisme horrible, j’y reviendrai, il le mérite).

Le principe de TAO était de publier des rencontres de fond avec des auteurs majeurs de l’art séquentiel. Répondirent présents : Goossens (n°1), Jodorowsky (N°2), Andréas (N°3), Mœbius (N°4) et David B (N°5).
Jean-Luc Coudray fut souvent de l’aventure et édité aussi à part du magazine par Tao Édition (3). C’est en quelque sorte notre Sage omniprésent.
TAO fréquenta souvent la Bulle « Fanzine » d’Angoulême où son numéro 1 eut une mention spéciale du Jury et le numéro 3 l’Alph’Art « Fanzine » en 1997. Finissons-en avec ce mot pénible dont la réfutation résumera l’esprit du Magazine.
Fan-Zine : Magazine de Fan. Fan : outre un ventilateur brassant du vent est un concentré de fanatique idolâtre. TAO ne pouvait donc pas rentrer dans cette catégorie honteuse d’excités dogmatiques ne serait-ce par son nom qui appelle plus l’indicible que l’invocation sacrée.
Tant qu’à néologier nous préférions dire que TAO est un « Amazine ». Amateurs plutôt que fanatiques, aimer au lieu de vénérer c’est dans le fond plus complexe mais aussi plus gratifiant.

Pour l’anecdote mais signifiante, lors de la remise de prix à Angoulême j’ai éprouvé le besoin d’expliquer ceci sur une scène de théâtre au ministre de la culture du moment qui faisait office de transmetteur négligent d’Alph’art. C’est peu dire que lors on sent bien la vacuité de l’indicible !
Et que tout ces mots ne sont que bien peu de choses face à l’image, d’où l’importance paradoxale du modeste TAO grand véhicule de la Voie par le Trait.
Donc Eric (Deguin) qui est le créateur de ce TAO, dont je ne suis ici que le scripteur (4), va mettre en ligne progressivement le reflet numérique des magazines épuisés. Vous aurez certes l’intégralité des interviews avec nombres de dessins inédits des auteurs mais vous devrez imaginer le travail sur la mise en page, le découpage, le brochage bref tout ce qui faisait de TAO autre chose qu’un amoncellement de textes et d’images (5).

Tout ce qui est autour du TAO est dans le TAO même si le temps l’estompe j’espère que ces Archives seront pour vous plus qu’un reflet de ce qui fut. Ainsi sur la scène d’Angoulême le vrai prix n’a pas été remis par un ministre vite retourné à son insignifiance mais par le souvenir de la présence dans la salle de Will Eisner, vieil homme à l’humanité rayonnante Et ça je ne peux pas l’oublier !
[ÉRIC FLUX]
(1) Éric Deguin (Eric Tao), Éric Flux et Mano.
(2) Citons Jean-Luc Coudray bien sûr mais aussi Philippe Coudray, Patrice Cablat (PatCab), Gil, Claude-William Trébutien ou Simon Hureau…
(3) Les nouvelles histoires de Monsieur Mouche, Citron, avec des dessins de Gil et La Lune nous tire la langue, toujours avec Gil. Livres épuisés.
(4) « Trop modeste. En plus d’être « scripteur » Éric Flux est co-fondateur, pilier, esprit de TAO et meneur émérite d’entretiens fleuves enrichissants. Non mais ! » (E.D.)
(5) Chaque exemplaire de TAO, hormis le 4 (Mœbius, encore dispo) était tiré en photocopies sur tout un tas de papiers et de formats différents entre 250 et 350 exemplaires, puis façonné, collé et relié par nos petites mains. Tous ces numéros sont épuisé depuis plus d’une décennie.
« Amazine »… J’aime !
Bonne nouvelle.
je suppose que les archives ne vont pas être numérisée tout de suite, mais je suis très intéressée par le numéro 5 sur David B, je travaille à un mémoire sur l’imaginaire de l’objet-livre dans Les incidents de la nuit. Est-ce que vous pourriez mettre en ligne ce numéro rapidement ?
Nous prévoyons une publication mensuelle à partir de février. Le numéro 5 (David B) étant le dernier.
Bonjour,
Pourrais je avoir une précision : qui est « MANO » ? Je viens de découvrir un dessin fait par ses soins…très beau !!
par avance merci si quelqu’un veut bien me répondre
A bientôt
Bonjour, les propos de Moebius, publiés dans le n° 4, ont-il été recueillis par Eric Deguin et Eric Flux ?