Charlie Poppins scrapbook (entretien)

Charlie Poppins

Charlie Poppins préfère rester discret sur sa véritable identité. On saura juste qu’il travaille dans l’animation et que Charlie Poppins Scrapbook est son violon d’Ingres. Ce qui est certain c’est que la découverte de ses dessins est un un choc : une telle maitrise et un univers comique aussi puissant,  pour l’instant exclusivement réservé à la blogosphère, c’est plutôt unique. On a donc voulu en savoir un peu plus…. Entretien.

Charlie Poppins

« Aucune censure. Aucun délai. Aucun thème. C’est un travail libre, un hobby presque. »

EO : Qui est Charlie Poppins ? Pourquoi ce pseudonyme entre Charlie Brown et Marie Poppins ?
CHARLIE POPPINS : Charlie Chaplin/Marie Poppins :)
Deux images fortes.

EO : Tu viens du cinéma d’animation (si on peut le dire…). Quel besoin as-tu de faire des images fixes ?
C. P. : Pour développer des idées personnelles dans un minimum de temps.
Chaque dessin pourrait être développé dans un court métrage mais cela prendrait trop de temps à se réaliser. Je préfère les coucher sur papier, en attendant.

EO : Le dessin d’humour est un peu le parent pauvre de l’édition (en France tout du moins). Hormis quelques stars, comme Sempé, les dessinateurs d’humour se trouvent plutôt dans la bande dessinée ou la presse. Est-ce ce manque de « débouché » qui t’as incité à publier sur ton blog ?
C. P. : C’est un plaisir personnel qui s’est transformé avec le temps. Si les blogs n’existaient pas, je les aurais tout de même faits pour moi.
Il est à remarquer que les plus beaux livres tirés des dessins du New Yorker sont français (chez Les Arènes). La reconnaissance du dessin existe donc bel et bien en France… Mais à petite échelle.

Charlie Poppins

EO : Tes influences sont essentiellement anglo-saxonnes, voire américaines. Te reconnais-tu dans cette limitation ou vois-tu une internationale de l’humour qui reposerait sur un esprit commun ? Et si oui, lequel ?
C. P. : Le dessin d’humour anglais ou américain est graphiquement intéressant.
La France est plus orientée « dessin de presse » qui privilégie l’idée et malheurement pas assez le dessin pur.
Sempé est une exception belle et incompréhensible qui la rend unique.
Bosc, Chaval et d’autres étaient précurseurs mais ont été surpassés par les dessinateurs américains.

EO : Sur la forme, pourquoi donnes-tu à tes dessins cette patte « vintage »  (faux papier vieillis, fausse trame pour journal, faux copyright…) ? Pour te rattacher à cette tradition de dessin « syndicate » ?

C. P. : J’aurai très certainement aimé faire parti des dessinateurs que j’aime…
Ce travail de patine met ces dessins dans une certaine « anachronie » qui me rapproche d’eux (j’imagine).

Charlie Poppins

EO : On cite souvent Gary Larson, pourtant tes influences sont multiples. Tu mentionnes sur ton site : Charles Schulz, Bill Watterson, Mad Magazine, Quino, Aragones, Gary Larson donc mais aussi Fluide Glacial, Mike Peters, Mordillo, Sempé, Serge Bloch, Harvey Kurtzman, Olivier Texier, The New Yorker, Olivier Schrauwen, Ludovic Debeurme, Ruppert & Mulot, Dimitri Planchon, Roland Topor, Bouzard, Voutch, Larcenet, Chas Addams, Iain Macarthur, Prof  Moustache, Edward Gorey, Chaval, Reiser, Deix, Bosc, Searle, Topor, B.gnet, Steinberg, Glen Baxter, George Herriman, Toppi, Crumb, Gad, Navo, Cardon, J.J. Grandville, Fabio Viscogliosi, Raymond Devos et Pierre Doris…
Pourquoi deux fois Topor ?
C. P. : Erreur de frappe… :)
Mais effectivement, les noms que j’ai écrit sont tous des artistes que j’admire profondément.
Le cinéma, les séries et le théâtre ne sont pas mentionnés mais peuvent aussi me toucher. Un Woody Allen est rempli de dessins du New Yorker, un Jacques Tati est rempli de Sempé… et inversement…

Charlie Poppins

EO : Comment conçois-tu un gag ? L’idée surgit-elle spontanément (un peu comme une plaisanterie dans la vie) ou bien par divers cheminements (un peu comme un dessin que tu crayonnerais avant de le finaliser) ?
C. P. : Spontané.
J’assiste a une scène, je vois un film,… et j’imagine la suite. Souvent ça ne se passe jamais comme je l’avais imaginé.
Si l’idée qui nait est intéressante je la note.

EO : À quel moment considères-tu qu’un dessin est réussi ?
C. P. : Ça n’est pas à moi de le dire. :)
Mais pour moi il est déjà à moitié réussi quand il me plait. L’autre moitié à faire « valider » appartient à celui qui va le lire.

Charlie Poppins

EO : En quoi le fait de n’avoir aucune obligation éditoriale influe-t-il sur ton travail ?
C. P. : Aucune censure. Aucun délai. Aucun thème. C’est donc un travail libre, un hobby presque.

EO : Cette absence de contraintes est-il une chance ou pas ?
C. P. : Le blog est une carte blanche que l’on s’offre. C’est évidemment une chance.

EO : As-tu été approché par des éditeurs ? Un recueil de tes dessins est-il prévu ?
C. P. : J’ai rencontré des éditeurs très intéressés mais je ne pense pas avoir une production assez importante pour le moment. Je me laisse donc du temps pour encore travailler.

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EO : Qu’est-ce qu’un livre de dessins humoristiques idéal pour toi ?
C. P. : Les Sempé ou les recueils de dessins du New Yorker sont les meilleurs exemples. Martine Gossieaux a également sorti un livre intitulé La passion du dessin d’humour que je trouve très respectueux de la discipline.

EO : Envisages-tu de faire plus de « Charlie Poppins » à l’avenir ?
C. P. : Je fais de mon mieux. Ça n’est pas mon activité principale.
Mais j’ai beaucoup d’idées d’avance.

[Questions d’ÉRIC TAO]

Le blog de Charlie Poppins.

Une réflexion sur “Charlie Poppins scrapbook (entretien)

  1. Belle découverte que ce sympathique Charlie Poppins !
    Rien que le pseudo est déjà un programme. L’art de faire du vieux avec du neuf ou du neuf avec du vieux !

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